mardi 28 février 2012

Mardi Gras (3) : le Courir des Cadiens


En 2011 nous avions fait l'expérience du Mardi Gras des parades à la Nouvelle Orléans. Loin des chars et des colliers, nous avons testé cette année le Mardi Gras de la campagne, au nord de Lafayette, et nous nous sommes initiés au "Courir du Mardi Gras". Nous vous emmenons donc à Lafayette, Church Point et Savoy.

Je rappelle que Mardi Gras correspond à la période de fêtes précédant le carême chez les catholiques. On peut faire bombance du 6 janvier au mardi gras, veille du mercredi des cendres (top départ pour le jeûne). C'est bien sûr l'époque des carnavals, où le pauvre se déguise en riche et vice-versa. Chaque région du monde a ses costumes et ses traditions spécifiques (Rio, Venise, St Domingue, Nice, Dunkerque, la Louisiane, etc).

D'abord, je suis allée à la répétition générale d'un courir. Cela s'est passé au village acadien reconstitué de Vermilionville, à Lafayette. C'est le groupe de la ville de Basile qui s'est déplacée, "Basile Mardi Gras Association". Les membres du courir de Basile étaient, comme il se doit, masqués de la tête au pied :



Remarquez, de haut en bas :
Le chapeau pointu : pour se moquer des chapeaux extravagants de l'aristocratie du Moyen-Age.
Le masque : pour rester anonyme, et faire des tas de bêtises sans craindre de représailles !
Un habit coloré fait de bouts de tissus inutilisés ou de vieux vêtements usés. Les franges sont un motif classique ici.

Pour les jeunes du village, participer à son premier courir est un rite de passage. C'est donc un événement important dans la vie d'un homme.

Les hommes et femmes masqués, ou "Mardi Gras", ont commencé à demander aux spectateurs " 'Ti 5 sous ". Ils font la charité en français. Il faut donner des pièces aux quémandeurs.

Faire la charité est une pratique qui remonte au Moyen-Age, quand les pauvres n'arrivaient plus à se nourrir, à la fin de l'hiver.

Puis, ils sont allés d'une maison à l'autre, demandant à chaque fois des ingrédients pour faire un gumbo (soupe brune avec du riz, du poulet et des saucisses) le soir. C'est le capitaine (le seul qui n'est pas masqué) qui demande d'abord la permission d'entrer dans la propriété, équipé d'un drapeau blanc. Ce dernier s'assure aussi du bon déroulement de l'affaire. Son fouet peut servir à empêcher les débordements... Ensuite les Mardi Gras entrent en dansant et chantent une chanson (en français toujours) pour obtenir du riz, du céleri, un poulet, etc.

On se met à genoux pour demander la charité


Quand un poulet est donné, les Mardi Gras doivent l'attraper en lui courant après, d’où le nom de Courir du Mardi Gras.


C'est aussi l'occasion de faire des bêtises ; défaire les lacets des spectateurs, leur faire peur, monter aux arbres...



Après avoir découvert à Vermilionville ce qu'il fallait savoir pour comprendre le Courir, nous sommes allés au village de Church Point pour voir un courir grandeur nature. Celui-ci a toujours lieu le dimanche avant Mardi Gras. On a été accueilli dans une propriété qui fait partie du parcours des Mardi Gras de Church Point.

On nous donne des consignes de sécurité avant l'arrivée des Mardi Gras.

Les voilà ! La plupart des participants sont transportés par des remorques.
Tout le monde est prêt !

Certains Mardi Gras vont de ferme en ferme à cheval.


Dès que le Capitaine donne le signal, les Mardi Gras courent vers nous !

On a été éclaboussés de boue. On nous a fait peur et on nous a demandé la charité. On a dansé aussi. La tradition est respectée.





Après ces expériences en tant que spectateurs on avait envie de devenir acteurs. Habituellement, il faut faire partie d'un village et d'une organisation pour courir. À Savoy, tout le monde peut courir au "Faquetique", qu'on soit un homme ou une femme. Il suffit de donner 15 dollars le jour même et d'avoir un costume :

Roland démontre ses talents de couturier.

Roland dans son costume.
Julien, un copain

On se moque du clergé. Mardi Gras c'est aussi le monde à l'envers et le jour de l'irrévérence. Rien n'est interdit.

Certains ont dû passer des heures à coller des milliers de fils !

Costume camouflage...



Certaines sont très jolies. Mais pour combien de temps...?

On a commencé la journée en célébrant le mariage d'une belge et d'un américain :
Ils s'étaient rencontrés au courir de Savoy il y a quelques années...

Le maître de cérémonie est bilingue anglais/français.

Puis ils ont réuni les novices (dont nous faisions partie !) pour nous expliquer comment ça allait se passer, nous faire répéter le refrain en français que nous allions chanter dans chaque ferme pour demander la charité... et nous obliger à nous rouler dans la boue ! Cette dernière obligation nous a délivré de l'angoisse de tacher notre beau costume. Ça, c'est fait !

Ensuite on s'est mis en marche :


Comme le veut la tradition, nous avions un capitaine :



Nous avons parcouru la campagne, nous nous sommes arrêtés dans les fermes pour demander la charité :


Et avons couru après des pintades, coqs et autres volatiles comestibles.


Essayez de repérer Roland sur cette vidéo :


Roland relâche à nouveau le coq qu'il vient d'attraper. Chacun aura sa chance de courir !

Les enfants ont la leur aussi :

Un bain de boue. Les jolies filles vues plus haut ont été trainées dedans !

En milieu de parcours, on s'arrête dans un champ où un poteau va être la principale attraction. On nous offre du boudin chaud pendant la préparation du défi :

Une poule est fixée tout en haut.

Le poteau en fer a été graissé avec de l'huile !

Qui pourra monter délivrer la poule alors que le poteau glisse à mort ?!
Quand tout est prêt, on donne le signal et c'est d'abord chacun pour soi ! Roland s'est retrouvé assez vite sous la foule en délire ...


C'est une pyramide verticale et horizontale. J'adore le pied qui dépasse !!

Après s'être marchés les uns sur les autres un bon moment, un enfant est finalement encouragé à grimper la masse humaine et arrive à tirer sur la corde.



Dernière étape avant de rentrer au bercail, se recueillir, en musique, sur la tombe d'un musicien de la région :


On finit au point de départ. On nous accueille avec un délicieux gumbo et un concert :


Une sieste bien méritée !
La semaine prochaine, je partagerai quelques photos de parades de Mardi Gras. Vos humbles serviteurs :
 

mardi 14 février 2012

Une musique de rien qui fait tout

 

Pour "come back" (retour) en Louisiane, on revient aux fondamentaux : la musique. Et c'est Roland qui régale et se régale...

Aujourd’hui, j'avais rendez-vous chez David Brown (rien à voir avec Jackie !), un américain partageant son année entre l'hiver de Lafayette, en Louisiane et l'été de Postam, dans l'Etat de New-York. On s'est rencontrés lors d'un brunch chez Martin Christian, guitariste et chanteur du groupe de blues «Rue Boogalou». Évidemment, le brunch s'est transformé en bœuf avec la participation de qui voulait (enfants avec des guiros, etc) et notamment de David, joueur aguerri de Washtub Bass.
David


Son instrument (sorte de contrebasse réalisée avec une bassine métallique, un manche en bois et une grosse ficelle) assurait vraiment bien la ligne de basse. Il m'a laissé essayer et j'ai eu ce qu'on peut appeler de sacrées «good vibes» (bonnes vibrations) ! Et je crois que ça s'est vu car David m'a immédiatement proposé de venir chez lui fabriquer MA washtub basse. 

Avant d'en arriver à l'aspect technique de la fabrication, je veux d'abord dire que pour moi, cet instrument prend tout son sens à l'heure des technologies de pointe et de la marchandisation du divertissement. Avec trois fois rien on se fait un instrument de musique (c'est à dire des heures de plaisirs et de convivialité) pour enfant et pour adulte. Le temps même de fabrication est une occasion de palabres et d'expérimentations. 
En plus, bricoler c'est faire, c'est toucher ! Autant de choses que le virtuel ne pourra jamais remplacer ...

Alors n’hésitez pas à fabriquer votre Washtub basse et comme disent les Cadiens ici, laissez les bons temps rouler !

Fiche technique de ma Washtub basse.

Toutes les adaptations sont possibles, notamment pour les enfants.

D'abord, se procurer le matériel ci-dessous.

  • Une bassine métallique avec le fond suffisamment épais pour résister à des tractions importantes. Important, la bassine doit avoir un rebord dessous tout autour du fond. Ma bassine a une profondeur de 28 cm, un diamètre au fond de 45 cm environ. Le rebord de dessous est d'environ 8 mm (C'est un minimum.)
  • 2 rondelles en métal de 4 cm de diamètre et 2 autres en caoutchouc du même diamètre.
  • Un axe fileté court avec un anneau à l’extrémité. Diamètre de l'axe : 5 mm.
  • 2 écrous pour aller sur l'axe.
  • 1 manche en bois (ou bâton trouvé dans la foret) assez grand pour arriver un peu au-dessus (10 à 15 cm) de l'épaule du joueur un fois posé sur le fond de la bassine retournée. Mon manche fait 35 mm de diamètre.
  • 1 vis de 15 mm de long et 1 rondelle de 15 mm.
  • 1 ficelle en nylon d'un diamètre de 3 mm et d'une longueur de 2 mètre environ.

    Une planche ou un morceau de bois de récupération pour mettre sous un côté de la bassine.

    Prévoir les outils suivants même s'il y a toujours plusieurs solutions techniques pour réaliser une tache.

    • Une perceuse avec des forés bois (et métaux ou un pointeau)
    • Une scie
    • Un tournevis
    • Une queue de rat ou râpe
    • De quoi serrer les écrous
    • Un briquet ou des allumettes

    Les étapes

    1. Percer un trou au centre de la bassine pour permettre à l'axe avec l'anneau de passer (trou du même diamètre que l'axe).
    2. Faire passer l'axe, les rondelles métalliques et en caoutchoucs et les 2 écrous dans l'ordre suivant.
    3. Serrer le tout pour que ça ne tourne et ne bouge plus.
    4. Enlever les poignées de la bassine (sinon ça vibre et ça fait du bruit). On fait ça comme on peut en essayant de ne pas trop faire de trou à l'emplacement des fixations des poignées.
    5. Couper le manche à sa base sur un plan bien perpendiculaire (nécessaire seulement si vous avez un manche plus étroit à la base). Attention à garder toujours suffisamment de longueur.
    6. Vérifier que sa longueur est toujours correcte en le positionnant sur le fond de la bassine retournée.
    7. Faire une entaille en V à la base du manche comme sur le dessin. La profondeur dépend de la hauteur du rebord sous la bassine. Le rebord ira dans cette entaille en V. Profondeur de mon entaille : 8-9 mm.












    8. Positionner le bâton sur la bassine et dessiner au niveau de l'épaule l'emplacement pour la vis.
    9. A 3,5 cm dessous, tracer l'emplacement où l'on va percer à 45 degrés vers le bas.



















    10. Limer le filetage de la vis près de sa tête pour éviter que ça coupe le fil de nylon.
    11. Percer le trou (petit foret puis plus gros) jusqu'à obtenir un passage assez grand (9 mm) pour la ficelle et un double nœud dessus.
    12. Finir les extérieur à la râpe ou à la queue de rat pour obtenir une entrée et une sortie parfaitement lisse. Si on ne le fait pas, la ficelle s'use prématurément et finit par se couper.
    13. Visser la vis et la rondelle. Arrêter quand il reste un espace d'environ 2 mm entre la vis et la rondelle contre le manche.
    14. Attacher l'extrémité de la ficelle à l'anneau sur la bassine retournée. Faire un nœud définitif, serré ! Brûler l'extrémité de la ficelle avec le briquet pour éviter qu'elle ne s'effiloche.
    15. Passer l'autre extrémité dans le trou du manche, faite le tour de la vis et redescendre.
    16. Tenez comme ça et faites votre réglage. Quelle tension voulez-vous pour quelle note ? (Remarque : On peut dire que la note du milieu doit être avec le bâton vertical.) Quand la tension vous convient, faite une marque sur la ficelle au-dessus de la vis.
    17. Retirer la ficelle, faites un double-nœud avec les deux morceaux en même temps (Cf. dessin) pour obtenir une boucle que vous pourrez passer sur la vis. Attention : Le nœud doit pouvoir passer dans le trou de sorte à faciliter le transport en séparant le manche de la bassine.



















         Couper l’excès de ficelle et brûler l'extrémité.
    18. Placer la planche sous un coin de la bassine pour laisser le son s'échapper et jouer.
    Enjoy !!!!!!!!!!! (Faites vous plaisir !)
    Malheureusement, on n'entend pas la basse du fait de la prise de son... mais ça permet quand même de voir la position de jeu !

    Roland Coste.
    Bonne St Valentin à nos lecteurs !


    mercredi 8 février 2012

    Théodore Roosevelt, Badlands National Parks et Mont Rushmore : road trip de l'été 2011 dans le nord-ouest des U.S.A. (14)

    Badlands, Dakota du sud.

    Du 17 au 28 juillet.

    Last but not least (dernier mais pas des moindres), voici l'ultime chapitre de nos découvertes estivales 2011. Au revoir les montagnes enneigées et bonjour les collines désertiques. 

    Étape 1 : le Parc d’État de Makoshika
    Sur la route du retour, notre première étape se trouve à la frontière Est du Montana. Traverser cet Etat, c'est un peu comme traverser un désert : pas de gens, plus de stations radios, des buissons à perte de vue de chaque côté d'une route éternellement droite et de grosses chaleurs. On y trouve aussi de grandes réserves indiennes.
    Puis arrive Glendive, une ville où nous attendent des roches vieilles de 75 millions d'années ! Je pense qu'elles attendent encore ...


    Paysage travaillé par l'érosion.
    Makoshika signifie "terre bonne à rien" ou "mauvaise terre" pour les premiers habitants de cette région, les Lakotas (une des tribus du peuple Sioux). On apprend au musée que ce lieu était le terrain de jeu de dinosaures à l'époque où la végétation et le climat étaient subtropicaux. Ils vivaient dans ou sur les bords de l'océan peu profond formé à l'époque du Crétacé en lieu et place des grandes plaines d'aujourd'hui.

    Carte du centre de visiteurs des Badlands (cf plus bas)
    Puis, il y a 70 millions d'années, les Rocheuses se sont formées et l'océan s'est vidé pour laisser place à la forêt subtropicale puis à la savane et enfin au paysage de prairie.
    On trouve ici des traces d'Hommes autour de -10 000 avant J.C. Ils se nourrissaient entre autres de carcasses de mammouths, utilisant de grosses pierres pour fendre les os et en retirer la moelle. Les bisons de cette époque avaient un crane encore plus impressionnant qu’aujourd’hui. Ils se sont affinés avec l'âge !
    Malgré une chaleur écrasante (fini la neige !) de la fin d'après-midi, on emprunte deux sentiers : Diane Gabriel et Cap Rock. Le premier nous emmène sur un point de vue :
    Roches sédimentaires.
    Le deuxième nous offre des formations rocheuses sculptées par le vent.
    Cerveau rocheux
    Un pont naturel :

    Pour ceux qui connaissent les "demoiselles coiffées" de Serre-Ponçon (Hautes Alpes) vous reconnaitrez les cheminées de fées. Ici on les appelle colonnes de pluies ou pommes de terre cuites (baked potatoes). Les pierres plates dures protègent l'argile tendre de l'érosion et forment des sortes de parapluies.


    Pas question de s’asseoir sur un banc ici sinon c'est "open bar" pour les moustiques ! Même Roland se fait piquer, c'est dire s'ils sont affamés...

    A notre grande surprise les motels étaient complets le soir. Beaucoup d'ouvriers construisent et rénovent les routes ou travaillent dans les puits de pétrole.

    Etape 2 : le Parc National Théodore Roosevelt (côté sud).


    Teddy Roosevelt s'est essayé au métier d'éleveur de bétail dans sa jeunesse sur ces terres. Il a lamentablement échoué mais, comme il le dit lui-même "sans cette expérience dans le Dakota du nord je ne serais jamais devenu Président". Il pensait que son amour de la chasse, de la nature et d'une vie simple lui suffiraient. Et manque de chance pour ce chasseur invétéré, les derniers bisons avaient quitté ces terres. En fait, ils avaient été décimés par les chasseurs de peaux blancs et les maladies. Ainsi sensibilisé à la protection des espèces et de la nature, il a ensuite participé en tant que Président des Etats-Unis à la création de 18 monuments nationaux, 51 refuges naturels et 5 parcs nationaux.

    On décide de visiter à l'américaine, c'est à dire qu'on va rester dans la voiture et prendre la route touristique qui mène aux principaux point de vue. La chaleur est accablante mais l'herbe encore bien verte.

    On découvre une nouvelle espèce : Prairie dog ou chien de prairie.
    Black-tailed prairie dog.
    Cet animal vit en communauté dans des villes-terriers. Ils sont très mignons, sifflant pour prévenir d'un danger, se mettant sur leurs pattes arrière pour scruter l'horizon... On peut s'amuser à les observer pendant des heures tellement leur vie semble palpitante.


    Le paysage est fait de collines verdoyantes d'un côté et de collines sèches et rocheuses de l'autre. Les roches ont des lignes de couleurs : noire (charbon), rouge (scoria), grise, etc



    Traces rouge appelées scoria.
    Entre Buck Hill et Boicourt overlook, on voit des mustangs et des bisons :

    Impressionnant mâle bison. Les bisons ont été réintroduits en 1956 dans le parc.

    L'étalon dominant son harem.
    On surprend cet étalon blanc surplombant la colline et d'autres chevaux en contrebas. Ils étaient trop loin pour qu'une photo donne l'image fidèle de ce véritable tableau. Ces chevaux retournés à l'état sauvage, après s'être échappés d'un quelconque ranch, ont été originellement importés il y a 500 ans par les Européens. En effet, il existait un type de cheval nord américain jusqu'à il y a 10 000 ans. Mais il a disparu en même temps que les gros mammifères tels que les mammouths.


    Les fleurs sont aussi au rendez-vous.



    Étape 3 :  Pollock, Dakota du sud.


    Après 13 ans d'éloignement (plus ou moins volontaire) je retrouve Pollock, village de 300 âmes. Le paysage et les habitants n'ont pas beaucoup changé. On fait un peu de cuisine française pour exciter les palais des parents américains : des crêpes, quiches, cakes salés (ici c'est un nouveau concept), mousse au chocolat, ratatouille, fois gras, tarte à la tomate. Ils ont beaucoup aimé le Nutella, pas très répandu sur les étagères américaines.

    On assiste à un défilé de pionniers :

    La roulotte, comme dans "la Petite maison dans la prairie", ma série fétiche !

    On fait un tour en décapotable des années 60 dans la campagne environnante :


    Roland au volant d'une américaine !


    C'est bientôt la saison des récoltes. Les silos doivent être vidés pour faire de la place aux nouvelles graines. C'est un État de fermiers.


    On fait aussi des activités séparément. Pendant que je bois du thé avec les femmes du coin pour un "baby shower" (réception organisée pour que les femmes de la communauté fasse un cadeau et voit un nouveau-né), Roland aide à refaire un toit.

    Roland dans un élément masculin à casquettes (les bières arrivent plus tard).
    On apprend qu'il y a dans le Dakota des églises où on peut assister à la messe dans sa voiture, comme au cinéma en plein air, l'été. Vous avez déjà vu des films américain ancien où des amoureux vont se faire une toile et branchent leur radio de voiture pour écouter le film ? Imaginez ça version église et voilà ! On peut même acheter et manger des pop-corns ou boire une boisson tout en écoutant tranquillement le sermon... ! C'est beau la modernité.

    Et pour conclure notre arrêt, une citation de Franck, mon papa de Pollock : "it's a free country as long as you can pay" C'est un pays libre tant que tu peux payer ! Bon résumé des U.S.A !

    On finit par reprendre la route, la jolie 1804, qui longe le fleuve Missouri :


    Étape 4 : le parc national des Badlands.

    Mix de prairies et de roches sédimentaires érodées.


    On change d'échelle par rapport à Makoshika et T.Roosevelt N.P.. Ici le paysage est encore plus étendu. L'érosion du vent et de l'eau met à nu des roches datant aussi de 75 millions d'années. Les pics représentent les roches les plus jeunes ; elles ont entre 28 et 30 millions d'années. Ces roches ont commencé à subir l'érosion il y a 500 000 ans. Il ne devrait plus rien rester dans 500 000 autres années, à raison de 2,5 cm de roches en moins par an. Quand les sédiments érodés prennent le chemin d'une rivière, ils finissent dans le Missouri puis le Mississippi et enfin le Golfe du Mexique (en Louisiane donc !)

    Le centre Ben Reitel présente un film et des expositions très intéressantes, notamment sur l'histoire des indiens Lakota et des premiers colons. Les trappeurs français ont été suivi par les mineurs, éleveurs de bétail et fermiers blancs "homesteaders" (loi votée par Lincoln en 1862 qui permet à chaque famille pouvant justifier qu'elle occupe un terrain depuis 5 ans d'en revendiquer la propriété privée et ce dans la limite de 65 hectares). Le bétail remplace alors les bisons et les champs cultivés remplacent la prairie. Les indiens se retrouvent en minorité et combattent pour garder leurs terres. Big Foot était le chef des Lakotas jusqu'au massacre perpétré pendant la bataille de Wounded Knee (genou blessé) en 1890. Suite à cet événement, il ont été parqués dans des réserves et encouragés à devenir fermiers ou éleveurs de bétail. Mais ils ont dû abandonner leur mode de vie traditionnel (nomades chassant le bison).


    Traduction du panneau : "les garçons Lakota portaient des vêtements traditionnels quand ils sont arrivés à l'école industrielle pour indiens de Carlisle, en Pennsylvanie. On leur coupait tout de suite les cheveux et on leur faisait porter un uniforme. "Je suis persuadé que pour beaucoup d'entre nous seul les corps ont survécu" dit un des élèves de Carlisle. "Beaucoup ont perdu leur esprit dans ce dur environnement des internats". Photo prise vers 1888.
    Au final, les homesteaders des Badlands en ont tellement bavé pour mettre cette terre en valeur, à cause du froid hivernal et du vent, qu'ils ont fini par partir !

    On vous conseille d'aller jusqu'à White River, terre sacrée indienne, si vous avez du temps et que le sujet vous intéresse.

    La prairie renferme une diversité impressionnante d'herbes (60 environ) et de fleurs sauvages.

    Les arbres ne poussent pas ici et pourtant il fait assez humide pour éviter au paysage de devenir désertique. Les plantes sont adaptées aux vents forts, feux fréquents et longues sécheresses. Les grizzlis et les loups ont disparu de ces terres par manque de territoire. Les bisons et furets ont bien failli subir le même sort.

    Soudain le ciel se couvre et on reprend la route sous la pluie. Difficile dans ces conditions d'apprécier les couleurs jaune et orange des roches.
    Les nuages assombrissent le ciel.
    Yellow Mounds, Pinnacles et Big Badlands overlook sont les points de vue les plus impressionnants.
    Avec les Badlands on se rend compte à quel point la région est touristique. Les attractions familiales ne manquent pas jusqu'aux Black Hills. Il y a même des reliquats de la Guerre Froide avec un ancien site de lancement de la bombe nucléaire (Minuteman Missile National Historic Site).

    Étape 5 : Le Mont Rushmore

    J'avais déjà visité ce monument en 1997 puis en 1999. Le paysage a beaucoup changé autour des têtes des Présidents américains emblématiques. 2 parkings en béton ont été construits ainsi que des restaurants, un musée, un immense auditorium, etc. En contrepartie du bétonnage du site, les 3 millions de visiteurs annuels ressortent bien informés. La vie du sculpteur (Gutzon Borglum, essayez de le dire à voix haute !), le travail à la dynamite des 400 ouvriers, le coût de l'opération (989 992,32 $) et le parcours des quatre anciens chefs d'état n'ont plus de secrets pour nous.

    Allez on va faire un quizz. Serez-vous capable de nommer les Présidents sans regarder la légende de cette photo ?
    De gauche à droite : Washington (le 1er) , Jefferson (achat de la Louisiane), Roosevelt et Lincoln (unificateur des USA).
    On se dégourdit les jambes sur le chemin qui mène au plus près des têtes (Presidential trail, 0,8 km) et on admire la barbe de Lincoln, sculptée il y a pile 70 ans :

    Il ne nous reste plus qu'à reprendre la route en direction de la Louisiane. Sur la route nous avons quelques surprises :


    Le Missouri déborde
    Des sacs de sable ont été installés de chaque côté de la route pour éviter l'inondation.
     Du coup un dino. tente une échappée :

    Roland préfère s'équiper en cas de montée des eaux à l’hôtel !


    Il a beau faire chaud le fromage ne fond pas sur l'avant de la voiture ! Pas de fondue ....
    On n'est pas à l'abri d'une panne. Il est temps de rentrer !

    Bilan de notre expédition :
    - 7000 miles en voiture, soit 11 265 km.
    - au moins 171 kms de randonnées.
    - une panne au début et une vers la fin.
    - 7 136.07 $ dépensés. On est aussi précis que le coût de Mont Rushmore !

    Sniff, notre voyage est terminé ....
    Mais à bientôt pour des excursions en milieu tropicale humide. La Louisiane, quoi !