jeudi 7 février 2013

Bryce Canyon National Park : road trip de l'été 2012 dans le sud-ouest des U.S.A. (6)


Du 4 au 7 juin.

Encore de la roche ?! Et oui ! Mais elle revêt un nouvel aspect ... toujours plus impressionnant. Le voyage continue donc avec un défi inédit à relever : dormir seuls, dans la nature sauvage !

Après avoir quitté Arches, on fait hélas l'impasse sur les nombreuses attractions de la région du Moab : Lac Powell, Canyonlands N.P. (intéressant si on a un 4 X 4). On traverse Capitol Reef N.P. Puis, on emprunte la route 12, qui traverse une forêt, monte et descend jusqu'à Bryce. Les paysages sont tous plus époustouflants les uns que les autres. Voici une sélection :








On ne se rend pas compte sur la photo mais on était sur une crête. Le vide nous entourait de part et d'autre !

Vallée verdoyante au milieu d'un paysage de roches et de sable blanc.
On soupçonne " Telma et Louise " d'être passées par là avant d'atteindre le Grand Canyon !

Cette région a été la dernière à être cartographiée par les américains, vers 1870.

Voici une illustration du Grand Staircase - Escalante National Monument, en français : le grand escalier géologique qui mène de Bryce au Grand Canyon.




Et pour finir, un petit clin d’œil : ce panneau trouvé sur une pancarte de station essence.

Nous sommes la crème de la crème du carburant mais bien moins français.Non mais oh !

Bryce Canyon N.P. :

Une fois arrivés, on décide de partir pour deux jours dans la "backcountry", c'est à dire la nature sauvage. On va prendre le "Under the rim trail" ou le passage sous les falaises. Pour cette aventure en duo, on a besoin d'obtenir un permis, délivré par un ranger. Ce dernier s'assure qu'on connait les bases de la sécurité dans cet environnement. Il nous donne quelques consignes pour boire de l'eau de la rivière purifiée, et surtout une boite à ours. Elle nous permettra de mettre toutes nos denrées alimentaires sans attirer les gourmands ! On ne pourra pas faire de feux ni déféquer en tout insousciance. Pour ce dernier point j'ai une vidéo :


Il faut bien calculer son coup car les selles devront être enterrées à 15 cm de profondeur et à 60 cm minimum d'un cours d'eau, d'un chemin ou du camping sauvage.
Discrétion absolue aussi quant au papier toilette, trognons de pomme, etc. Pas d'armes non plus. Et oui, c'est le seul endroit aux US où les armes sont interdites pour le quidam. Seuls les rangers sont équipés, pour effrayer les ours.

Après cette préparation mentale à des conditions très triviales, on doit organiser les sacs de randonnée et ce n'est pas une mince affaire. En effet, on n'est pas équipés d'une tente et de sacs de couchage légers et compacts. Pendant qu'on s'évertue à coincer la boite à ours entre les affaires de rechange et les gourdes qui fuient, les chipmunks en profitent pour sauter dans la voiture, dont les portières sont malheureusement restées ouvertes ! Il faut les chasser mais ils se réfugient dans le moteur !!

Une fois que tout est rentré, on passe la soirée avec des profs de français de Louisiane, rencontrés par hasard. On admire ensemble Sunrise et Sunset Point (à voir dans les dernières photos). C'est la pleine lune et des rangers VIP (Volunteer In Park = bénévoles) installent les téléscopes pour observer notre satellite sans pollution lumineuse. Si vous allez à Bryce Canyon, essayez de calculer votre coup pour faire une nuit sans lune et réservez à l'avance votre place pour observer les anneaux de Saturne et ses lunes ou encore la voie lactée. Les conditions sont exceptionnelles.

Le lendemain, on est prêts pour notre randonnée, bien que fatigués. En effet, on a essayé de dormir à deux dans un sac de couchage pour un. Mais on n'est pas minces à ce point ! On va réflechir à une solution car on ne peut emporter qu'un sac et il va faire froid cette nuit...

Le point de départ.
Malgré l'allegement maximum du sac de randonnée, c'est difficile d'avoir du poids sur le dos pour marcher. Il va falloir s'habituer. Un bus pour touristes vient nous chercher (on avait prévenu la veille) et nous dépose à Ponderosa Canyon, à 2800 mètres d'altitude. On va faire 15 kms aujourd'hui et 16 kms demain.

Il faut descendre petit à petit pour nous retrouver au pied des falaises...



Il y a un vent à décorner les bisons ! On passe par des dunes de sable. Les falaises sont roses mais aussi jaunes et blanches. Bryce Canyon se distingue surtout par ce qu'on nomme les "hoodoos" ou piliers de roche sédimentaire surmontés d'une roche plus dure. Ça commence quand l'érosion casse les collines :


Cela forme des arches (cf. précédent article) puis des colonnes. Le paysage, comme à Arches National Park, est donc en perpétuel changement.

Hoodoos.

On retrouve la végétation de Mesa Verde N.P. : pins pignons et genèvriers. Il y a aussi une sorte d'arbre d'un genre très accrocheur. Ce sont les seuls à pouvoir s'implanter sur la roche. Désolée mais on n'a pas d'illustrations.
Les pierres prennent toutes sortes de formes différentes, comme celle-ci :

Profil Indien ?

Les fleurs sont très variées, surtout depuis qu'un incendie a ravagé la forêt en contrebas.


Du coup, certains arbres pèlent :
Peeling végétal...

Quelques fleurs en vrac :





Sego lily et une mouche !

Cela donne la place aux insectes, en particulier d'énormes papillons, larges comme la main !


 Mais aussi de grosses guêpes comme cette Tarentula hawk wasp. Le ranger nous expliquera plus tard que cette guêpe a pour spécialité de coincer les tarentules et de leur injecter ses œufs. Puis, elle enterre la tarentule vivante afin qu'elle constitue un garde-manger frais et abrité. Bon appétit les enfants !



Quelques oiseaux rencontrés : Green-tailed Towhee avec sa crête orange, Chickadees, Corbeaux, Colibris, un Western Tanager et un Western Bluebird (d'un bleu vraiment électrique !). Pas mal d'hirondelles aussi se sont laissées observer mais pas prendre en photo.

Spotted Towhee, reconnaissable à ses yeux rouges.

Les lézards sont aussi au rendez-vous, dont ce patibulaire Mountain Short-Horned Lizard. Ils sont petits et ne sont pas présents chaque année donc on est chanceux !


Un chipmunk conciliant avec l'appareil photo :


En route, on se rend compte qu'une bourrasque a emporté mon coupe-vent. Roland part le chercher 30 minutes mais rentre bredouille. Il y a le double des clés de voiture dedans...

On arrive au camping sauvage, sans toilettes ni eau courante. Nous sommes les seuls à dormir là ce soir. On se couche à 19h, gagnés par la fatigue. Voici notre solution pour dormir à deux dans un sac de couchage : tête bêche. On s'est lavé les pieds avant et c'est tant mieux !


Après 12 heures de sommeil, on est requinqués pour une nouvelle journée de solitude à deux dans un paysage grandiose.

On passe en dessous des hoodoos puis au même niveau car aujourd'hui on ne fait que monter, monter...






La dernière montée est très dure physiquement et psychologiquement mais c'est bientôt l'arrivée victorieuse à Bryce Point. We did it ! Un coup de navette et nous voilà à nouveau au centre d'information. Je déclare aux rangers ma veste disparue et quelqu'un l'a retrouvée ! Cependant elle est à 10 kms de marche... Roland n'hésite pas : on ira la chercher demain matin. Ouf ! Elle peut bien rester une nuit de plus sans sa propriétaire ! Avant ça nous attendent : une douche, un Coca, une lessive et le replantage de la tente au camping.

Finalement on aura pas vu de gros animaux pendant ces deux jours. Roland fait quand même cette photo :
Traduction : attention, animaux sauvages qui traversent. Trop drôle ta blague Roland...

Il n'y a pas toujours de morale dans les parcs américains. On a fait des kilomètres pour voir des biches et des ours, sans succès et qui voilà à l'entrée du camping ? Une pronghorn :




Cette Pronghorn n'a pas trouvé meilleur endroit où brouter qu'à côté des humains ! Cette cousine de la giraffe et de l'okapi est l'animal le plus rapide d'Amérique du nord. Seul le guépard peut le dépasser. Elles vont à 98 kms/h pendant 4 minutes ou à 50-60 kms/h pendant plus longtemps. Respect...


Leurs grands yeux détectent le mouvement jusqu'à 6,5 kms. Il y en avait des millions, presque autant que les bisons, avant l'arrivée des européens et de leurs barrières. Ne sachant pas sauter haut, beaucoup sont mortes faute de pouvoir migrer. Et je ne parle pas de la chasse intensive... Leur carcasse ne valait que 25 cents pièce !

On aurait aimé faire le Navajo Loop Trail ce matin mais il faut aller chercher la veste. Et elle est bien là où on nous avait dit qu'elle serait, accrochée à une branche sur le sentier.


On finit avec Sunset Point, l’amphithéâtre de pierre accessible par la route du parc.




Dernière vidéo pour un panorama :


Avant de repartir, on se requinque avec un déjeuner au Bryce lodge restaurant avec vue sur la clientèle de têtes blanches ! Je vous donne rendez-vous la prochaine fois à Zion N.P.

Et parce que c'est bientôt la St Valentin :

L'amour aussi c'est comme les cactus, ça a du piquant !