lundi 15 juillet 2013

Sequoia et Kings Canyon National Parks : road trip de l'été 2012 dans le sud-ouest des U.S.A. (11)


Du 15 au 18 juin

Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le séquoia. Il ne vous restera plus qu'à vous laisser impressionner par ses géants et surprendre entre deux troncs protecteurs une biche assoupie.

Après un repos bien mérité au camping Koa d'Isabella ... enfin pas de tout repos pour tous car une mouche s'est faite aspirer par Roland dans la tente ! et un " dirt devil " (mini-tornade de sable) nous est tombé dessus pendant qu'on faisait cuire nos lentilles sur le réchaud extérieur. Nous revoilà donc dans un parc national. Celui-ci m'a toujours fait rêver car il abrite les plus vieux et presque les plus hauts arbres de la planète (les Californian Redwoods atteignent 112 mètres et sont les plus hauts).

On commence par se perdre avant même d'arriver. Parfois, un panneau indique un nom de lieu-dit mais pas la direction correspondante ! Il faut dire que la tâche n'est pas simple car on choisit de passer par les petites routes sinueuses plutôt que de redescendre attraper l'autoroute. Une fois arrivés aux portes du parc, ce sont des travaux de bitume qui nous ralentissent. La route sera neuve si vous y allez après 2012.

Le camping de Lodgepole se situe à 2048 mètres (alors qu'on était parti de 518 m.) Il est très abrité et une biche viendra nous rendre visite tous les soirs à la recherche d'herbe fraiche.

Le lendemain, on prend la navette gratuite jusqu'à General Sherman Tree, le plus gros arbre au monde par le volume de son tronc : 1256 tonnes et 1487 m3. L équivalent d'un bain par jour pendant 27 ans si on remplissait le tronc d'eau. Cet arbre a 2 200 ans environ (le plus vieux a 3200 ans), et sa circonférence est de 33 mètres.
Il faut savoir que quand un séquoia est implanté dans un endroit idéal, il peut vite dépasser plus vieux que lui. Donc gros ne veut pas dire ancien !
Je suis comme au milieu de l'arbre, représenté par les pavés.
Vous remarquez que son tronc est irrégulier. C'est à la fois naturel et les cicatrices dûes aux incendies.



Le haut de l'arbre est mort donc il ne grandit plus. Par contre il continu de grossir.



Malgré l'intérieur d'un tronc ravagé par le feu l'arbre n'est pas mort
Puis, on sort des sentiers battus pour s'isoler dans la forêt. Après des semaines de déserts, on apprécie de pouvoir partir à la journée, protégés de la chaleur par l'ombre des arbres.





Certaines personnes, comme M. Tharp on vécu des années (1860-1890) à l'intérieur même d'un tronc :

Bon c'est spartiate quand même !

12,5 kilomètres nous permettent d'observer des écureuils gris " Chickarees " :


White-head Woodpecker ; un Tanager :


Une nuée de coccinelles :





une truite (?) dans l'eau transparente :


... et plein de Juncos :


On voit un cerf sur le chemin. Il estime que nous ne représentons pas un danger et poursuit sa route devant nos yeux attentifs :


Il est tellement détendu qu'il se vide la vessie !

A notre grande surprise ca ne se soulage pas à la manière d'un chien !


Les fleurs :




On se sent un peu comme à New York ici, le nez en l'air. Les arbres remplacent ici avantageusement les gratte-ciel de la grosse pomme.





De retour au centre d'information du camping, on visionne un film sur les ours bruns du parc. Il paraît que les grizzlis de Californie ont été exterminés. Cependant, ils apparaissent toujours sur le drapeau de l’État. Quelle tristesse. Les ours bruns nous ont passionnés avec leurs cycles saisonniers, leur régime omnivore, leur intelligence qui les met en danger car les rapproche des hommes. Dans ce même parc, au début du 20ème siècle, les visiteurs leur donnaient à manger ! Mais l'ours de Californie est spécial, il sait ouvrir les coffres de voiture ainsi que les portières. Pour eux c'est l'équivalent d'une boite de conserve !

Exemple de voiture détruite par un ours allêché...
Beaucoup de choses ont changé dans les mentalités face aux rapports entretenus avec les animaux et le respect de l'environnement. Par exemple, à la Belle Époque, 300 bâtiments s'élevaient au beau milieu des arbres millénaires, les empêchant de s'épanouir. Aujourd’hui, tout a été rasé pour laisser place aux sentiers pédestres.

Le matin suivant, navette jusqu’à Moro Rock pour profiter du panorama sur la fameuse Sierra Nevada.
Ascension de Moro Rock

Vue à droite
Vue à gauche avec la Sierra Nevada au dernier plan
Avec ses 643 kms de long et 95 à 120 kms de large, la Sierra Nevade surpasse la totalité du massif alpin.

Ensuite, on part pour 4,2 kms, en passant par Tunnel Log :



... pour rejoindre Giant Forest Museum. On surprend une biche en chemin :

Elle faisait une sieste.
Un ranger nous attend pour une balade de 1,6 km.


Il va ainsi nous apprendre que les grosses pommes de pins correspondent au Sugar Pine (pin sucre) et non au séquoia.


En réalité les cônes de séquoia sont plus petits qu'une pomme de pin français et leurs graines minuscules ! Les conditions pour qu'un de ces arbres grandissent sont tellement restrictives que c'est presque un miracle pour une graine d'atteindre l'âge adulte. Les séquoias grandissent seulement sur le flanc ouest de la Sierra, entre 1500 et 2130 mètres. Leur écorce tient éloignés les insectes, lichens et feux (il appartient à la même famille que les " cipres " de Louisiane.) On estime que les plus vieux arbres ont 3200 ans. S'ils meurent c'est parce que le vent les a fait tomber ou que l'irrigation n'était pas adaptée, les racines fragilisées (cf. les cabanes construites pour les touristes dans les années 1920). Non seulement ils résistent bien au feu lorsqu'ils sont adultes mais ils en ont besoin pour se reproduire. Alors là attention, j'étais déjà une spécialiste de la reproduction de la fougère mais c'est du gros dossier : avec la chaleur du feu, les cônes (qui peuvent rester sur l'arbre pendant 20 ans) tombent et explosent comme une grenade, relâchant les 200 graines qu'ils contiennent chacun. Sachant qu'un arbre produit 10 000 cônes, combien de graines seront relâchées en cas de feu (problème parfait pour les devoirs de vacances !) ? Malgré cette débauche, seuls 2 ou 3 graines arriveront à maturité.

On a réussi à prendre en photo un séquoia de la tête au pied :


Mais aussi d'une autre façon :

Roland et moi nous tenons chacun à l'extrémité d'un séquoia adulte, s'il était couché.
Et un vrai séquoia couché :


Ce parc a été créé après Yellowstone, en 1890. Grâce à la mobilisation de naturalistes comme John Muir mais aussi des fermiers de la vallée et de la Cie de chemin de fer du Pacifique. Chacun avait compris les intérêts de préserver cette forêt unique au monde. De plus, les bûcherons se sont aperçus que le bois ne valait pas grand chose pour la construction et demandait trop d'effort à transporter.

Ecorce de séquoia

Le froid nous oblige à nous lever tôt le lendemain. En plus, le matelas gonflable est tout déformé... On lève le camp pour parcourir le General Highway. Une biche traverse la route. On s'arrête d'abord à General Grant Tree, l'arbre qui a le plus gros diamètre au monde. Il est aussi l'arbre de Noël officiel des USA depuis 1926. Apparemment un nid de hibou y a été construit. Une parade de Flickers :



et un combat vertical de Juncos nous arrêtent un moment. Les Chipmunks sont encore partout mais trop rapides pour être pris en photos ! Puis on stoppe rapidement à Grizzly Falls. Le torrent qui coule au fond de la vallée est très beau :


On passe de 2000 m. (Lodgepole) à 900 m. (Grizzly Falls) et à nouveau à 1412 m. avec Cedar Grove. Là-bas, on part en promenade aux Roaring River Falls :


Biches et chickadees nous surprennent :




puis direction Zumwalt Meadows en longeant Kings River. Ah oui, ça y est. Nous sommes passés au parc qui touche Sequoia : Kings Canyon National Park. De fortes odeurs nous entourent. Ce que j'identifiais comme les gaz d'un putois sont en fait des champs de menthe sauvage (Lupine). Ça sent aussi le sirop d'érable. Probablement la résine de pins. La prairie est magnifique, très verte. Les oiseaux sont au rendez-vous. En  particulier les piverts, avec leur casquette rouge : Acorn Woodpecker.



On a fait 4,8 kms mais il fait tellement chaud qu'on a l'impression de n'avoir aucune énergie. On va quand même par curiosité jusqu'au bout de la route et au Muir Rock.


Les visiteurs se baignent et profitent des petites plages de la rivière. Finalement on a découvert que ce parc se découvre surtout en " backcountry " (loin des routes) pour visiter la Sierra Nevada et le Mont Whitney, à 4417 m. On a quand même profité des énormes arbres de la forêt et du Canyon, des paysages de montagne depuis la route. Direction Fresno pour passer une nuit avant d'atteindre le parc national de Yosemite (à ne pas confondre avec Yellowstone, même si ça commence par un Y !)

A bientôt !