jeudi 21 avril 2011

Visite d'une ferme biologique : Gotreaux Family Farm


En faisant une petite recherche sur Internet, je me suis aperçue que je suis loin d'être la seule à avoir visité et interviewé la famille Gotreaux, à Scott. Mais devinez quoi ! Ce billet a l'air d'être le seul en français. Bonne lecture les francophones !

Quand je suis arrivée à Lafayette avec Roland, j'ai tout de suite cherché à reproduire les bonnes habitudes que nous avions adoptées à Lyon (avec les paniers de Martin pour ne pas les citer). On m'a tout de suite dit "c'est pas gagné, parce qu'ici ils ne mangent pas de légumes et ils ne sont pas très sensibles aux produits bios et locaux" ou encore "c'est impossible de faire du bio ici avec tous les insectes qu'il y a".

Heureusement il y a les "farmer's markets", sorte de petits marchés en plein air où les fermiers et quelques artisans vendent leur production. C'est dans un de ces marchés que j'ai rencontré la première fois Brian Gotreaux . Plus tard, sa femme, Dawn, et lui nous ont invité sur leur propriété et je les ai interrogés.

Pour commencer en beauté, quand nous sommes arrivés, la famille était en train de finir une commande de coqs pour le restaurant Jolie's (seul restaurant qu'ils fournissent à Lafayette). Roland m'a tout de suite dit "ouh la, Karine ne tombe pas dans les pommes parce que, là, ils sont en train d'égorger en direct !" C'est vrai que c'est impressionnant de voir des coqs se vider et mourir devant vous mais il faut bien que quelqu'un le fasse non ? On est bien content de manger du coq au vin. J'ai donc continué, très pro, à poser mes questions !

Comment avez-vous démarré cette ferme ?

Au début, en 2000, nous voulions surtout avoir notre propre potager pour des raisons de santé. Je me suis retrouvé avec des produits chimiques dans le corps et voulait m'en débarrasser. J'ai changé de métier et, comme à l'époque il était impossible de trouver des produits biologiques en Louisiane, nous avons décidé de les faire pousser nous-même. Les commandes ont commencé à venir d'amis et nous nous sommes retrouvés fermiers à temps plein ! Aujourd'hui, je travaille avec ma femme et les enfants sont toujours avec nous. C'est très gratifiant pour une famille.

Comment est-ce que vous avez appris à cultiver bio ?
J'ai grandi à la campagne et j'ai beaucoup lu sur le sujet mais j'ai aussi dû m'adapter aux conditions de la Louisiane ! Il faut savoir être autodidacte et avoir du bon sens.
Vous êtes donc un Self made farmer !

Vous pourriez fournir plus de personnes si la demande croît ?
Nous sommes en train d'essayer d'acheter les terres environnantes mais nous ne sommes pas les seuls ici et ça coûte très cher d'investir. C'est plus facile de réussir dans ce métier si vous avez déjà des terres pour commencer.

On poursuit la visite en photos :

Les poussins :

Ils sont arrivés il y a peu (pas de poulets en hiver). Avec celle pour poisson, la nourriture pour poussin est la seule que Brian achète. Ils pourront bientôt gambader un peu à l'air libre mais attention ! il faut les protéger des renards et coyotes qui viennent s'en régaler.

Les poules pondeuses :
Ce que vous voyiez en arrière plan s'appelle une "Eggmobile” ou comment bouger les poules pour qu'elles aient toujours de l'herbe fraiche et qu'elles n'aient pas le temps d'abimer le sol. Intelligent non ?!
Coq et poule post coït ! La femelle sera vite enlevée à son beau pour servir de repas le soir même...

Les vaches :

Vache du Texas long horn - grandes cornes

Les tilapias :
Il y a 3 viviers protégés comme celui-ci. L'eau est verte car les poissons se nourrissent des plantes dans l'eau. Les remous sont dus à l'aération de l'eau. Ça oxygène l'eau et le lieu. Des semis poussent à proximité. Le tilapia est bénéfique au reste de la ferme car leurs excréments sont utilisés comme engrais naturel pour les pâturages. Ils en font aussi du compost pour le jardin. 
Les Gotreaux sont les seuls à proposer des tilapias en Louisiane. Le tilapia est un poisson d'origine africaine et beaucoup de ceux qu'on achète autrement en Louisiane sont élevés en Chine.

Boucs et mouton
Chèvre avec beaucoup de lait ! A quand le fromage de chèvre chez les Gotreaux !?

Plants de tomates. Ils peuvent atteindre le toit et redescendre !
Fiche bonus :

Anciens métiers de Brian : mécanicien pour l'armée et vendeur d'assurances !
Pays étrangers oú ils ont vécu : 2 ans en Allemagne et l'Italie.
Nombre d'enfants : 10
Production : Tilapia, bœuf, poulet, œufs, etc
Fruits : fraises (elles sont prêtes en mars ici !), figues, tomates (on arrête en juin-juillet car les insectes l'été s'y attaquent), pastèques, prunes, pêches, poires.
Légumes : courgettes, aubergines, okras ou gumbos, radis, concombres, pommes de terre, poivrons, laitues.
Autres : noix de pécan, oignons, tournesol (pour détourner les insectes des plantes).
Surface occupée : 11 hectares et des poussières.

Comme ils vivent avec leur temps, les Gotreaux sont aussi sur la toile. Alors, n'hésitez pas à faire un tour si vous voulez voir d'autres photos et lire un peu d'anglais :
Leur site Internet
Leur blog

Merci pour le temps que vous consacrez à produire des aliments sains et à éduquer les louisianais sur les engagements écologiques nécessaire à notre époque.

Prochain billet : délice d'écrevisses de Louisiane ! Préparez-vous à saliver...

mercredi 13 avril 2011

Valérie en Louisiane

Valérie et ses filles, Laura et Marine

Valérie est une amie belge. Elle est arrivée en été 2010 et repart bientôt pour son pays natal. Je l'ai interviewée pour qu'elle partage avec vous son expérience louisianaise et sa belgitude.

Avais-tu vécu ailleurs qu'en Belgique avant de venir en Louisiane ?
Oui, j'ai vécu en Allemagne 7 ans quand j'étais toute petite et 2 ans en République du Congo quand j'avais 13 ans.

Quels sont les bons et les mauvais côtés de ton expérience en Louisiane ?
Les côtés positifs sont le climat, les rencontres, les visites, grandir et profiter des choses, même seule.
Les côtés négatifs : le système éducatif américain. Je ne croyais voir que des alligators mais il y a aussi beaucoup d'autruches et de hyènes !

Tu repars bientôt en Belgique, qu'est-ce qui te manque le plus ?
Le pain, les frites ! Mais surtout mes filles pendant quelques mois (elles ne sont arrivées qu'en octobre et sont reparties fin mars) et mes proches. Je dirais aussi la vie culturelle et le fait de pouvoir exprimer ses idées ouvertement, sans formatage. Puis également des rapports professionnels plus humains, avec moins de procédures et d'hypocrisie.

Ton Top 3 des restaurants de Lafayette ?
Les frites et tapas du "Pamplona", "Louisiana crawfish time" et ses écrevisses, "Judice inn" pour les burgers.

Ton top 5 des lieux a visiter ?
En Louisiane : La Nouvelle Orleans, Avery Island et l'usine Tabasco, Jefferson Island.
Aux U.S. : Monument Valley, le Grand Canyon et Tucson pour une divine balade à cheval dans un parc de cactus géants. Mais je vais bientôt visiter New York, San Francisco et Hawaii donc ça peut changer !

Tu reviendras ? Si oui, Pourquoi ?
Oui, car je n'ai pas eu l'occasion de voir les chutes du Niagara.

Valérie n'est pas la seule expatriée belge ici, loin de là ! Je dirais même qu'il y a plus de belges que de français en Louisiane ! Du coup, on doit non seulement s'adapter aux expressions des cadiens mais aussi à celles de nos amis Wallons. Voici un petit florilège non exhaustif de mots typiques dans un récit fictif :
 " j'ai pris la nonante puis la septante pour aller chez Karine. C'était fort gaie de partager une glace avec elle. On a fait les sottes dans la rue Bourbon. Puis, on s' est dit a tantôt." Alors, vous y comprenez quelque chose ?


Autre expression : sous ton pète = sous tes fesses.
Le verbe "savoir" employé comme "pouvoir" dans certains cas.

Une recette belge :
Les carbonades flamandes (4 personnes)

Le secret, c'est la bière ! On peut utiliser une bière brune mais le top c'est la Leffe.

Prenez 500 g de viande de bœuf en morceaux qu'il faut faire revenir a la poêle juste pour obtenir une belle croute. Déglacer la poêle pour mettre le jus de la viande cuite dans une grande marmite. Couper un oignon très finement ainsi que deux gousses d'ail et les faire dorer dans le beurre.  Ensuite, tout mettre dans la grande marmite et verser au moins 1 litre de bière (jusqu'à noyer le bœuf ;-). Ensuite, y plonger une "tartine" (tranche de pain de campagne) recouverte de moutarde et de ketchup. Salez et poivrez. Laissez mijoter jusqu'à ce que la viande se détache facilement. Enfin, prendre de la Maïzena brune express (qu'on ne trouve qu'en Belgique jusqu'à preuve du contraire) pour épaissir la sauce. Servir avec de la purée et ... un verre de bière !

Bons souvenirs ensemble :
- Les chansons partagées : "Alfonse" de Linday Lemay, "Cadeau" de Marie LaForet. De vraies découvertes !
- Lectures d'histoires en français à la bibliothèque de Lafayette en janvier 2011 :

Duo de choc et de charme pour les enfants !
Merci Valérie. Bon courage pour le retour et merci de m'avoir fait découvrir les bonbons chokotoff, que j'ai d'abord appellé chokobon puis chokotop et enfin chokotopbons ! Démonstration en vidéo de comment manger ce caramel enrobé de chocolat :


La semaine prochaine, je vous fais visiter une ferme américaine hors du commun...

mercredi 6 avril 2011

Rodéo d'Angola

Angola de l'extérieur

Le 10/10/2010 nous sommes allés à un des rodéos les plus célèbres du Sud. Ce n'est pas n'importe quel rodéo que celui d'Angola. Ça ne vous dit rien ? C'est que vous n'avez jamais entendu parler de la prison des condamnés à perpétuité.

Au début, on n'était pas chaud pour y aller Roland et moi. Voir des hommes se faire dégommer par des taureaux... A fortiori cette idée que les prisonniers n'étaient peut-être pas consentants nous dérangeait vraiment. Alors on s'est renseigné et il semblerait qu'au contraire les participants sont très fiers de leur prouesses. Comme ce blog est apprécié et qu'on souhaite vous faire partager des choses que vous pourriez faire difficilement, même en venant nous rendre visite, cela nous pousse à faire des expériences.

Pour aller à Angola, il faut traverser un bout de campagne assez similaire à ce qu'on trouve près de Lyon. Les champs de coton ne sont pas loin cependant ! On a traversé en 5 minutes le Mississippi sur un ferry qui a pris nos voitures :




Ce sont les seules photos que vous verrez car, évidemment, les appareils photos sont interdits dans l'enceinte du pénitencier. On pense qu'il y avait ce jour là environ 10 000 personnes. En effet, il y avait en plus des spectateurs comme nous les familles et amis des prisonniers.

En gros, on a vu des hommes monter des chevaux sauvages, des taureaux en furie, mais aussi des courses d'habileté avec obstacles. Il y avait des intermèdes menés par des professionnels du cirque ou des écoles d'équitation.
Bilan des courses : un détenu s'est élevé dans les air sur 8 mètres et une vache s'est gravement assommée sur une barrière.

Je sais que toutes les personnes avec qui nous sommes parties avaient différentes manières de voir les choses. Pour ma part j'ai trouvé ce spectacle dangereux, violent et éprouvant mais aussi émouvant et fort. C'est quand même un exploit de rester longtemps sur un animal non-domestiqué !

A l'extérieur du stade, je n'ai pas aimé la photo souvenir à faire derrière les barreaux. Ceci dit cela fait un peu d'argent pour les prisonniers qui s'occupent du stand...

Il y avait aussi des stands culinaires (on a mangé un très bon shrimp étouffé et des frites piquantes) oú les prisonniers et les gardiens se côtoient. N'oublions pas l'immense exposition-vente d'artisanat. Bijoux, travail du cuir, du bois, etc. Certains des menuisiers sont contraints de vendre leur travail derrière un grillage car ils sont condamnés pour meurtre et ne peuvent être en contact direct avec les visiteurs. 

A la sortie du rodéo, nous avons visité le petit musée de la prison, cogéré par les détenus et les gardiens. On y voit la chaise électrique ainsi que des armes fabriquées par les prisonniers comme cette brosse à dent meurtrière.

Ce que j'ai trouvé intéressant dans le quotidien des prisonniers c'est qu'ils doivent prendre soin d'une immense ferme et de ses animaux. Cela leur permet de sortir, de faire de l'exercice et d'être en contact avec les bêtes.


Pour une vidéo, en savoir plus et réserver votre place : Angola rodeo


Les rodéos ont lieu au printemps et à l'automne.

Dans son livre " Zeitoun ", Dave Eggers parle de cette prison en ces termes :
" Angola, la plus grande prison du pays, fut construite sur une ancienne plantation de 7 300 hectares, jadis utilisée pour la reproduction des esclaves. Censée accueillir les hommes condamnés pour les crimes les plus graves, elle est depuis longtemps considérée comme la prison américaine la plus dangereuse, la plus dure. Parmi les 5 000 hommes détenus là-bas, la peine moyenne est de 89.9 années. Historiquement, les prisonniers devaient exécuter des corvées très pénibles, notamment la cueillette du coton, pour environ 4 cents de l'heure. Lors d'une manifestation, il y a plusieurs dizaines d'années, trente et un prisonniers se sectionnèrent le tendon d'Achille pour ne pas retourner au travail. "

J'attends vos commentaires !