mercredi 26 octobre 2011

Lassen Volcanic National Park : Road trip de l'été 2011 dans le nord-ouest des U.S.A. (6)


Du 21 juin au 25 juin
Je vous avais promis l'Enfer, le voici le voilà dans les lignes qui suivent. Il y aura aussi des volcans, de la neige (encore !) et de l'air pur.

On quitte le Wyoming pour traverser l'Idaho et retourner à la triste civilisation et son agriculture intensive.


Irrigation artificielle dans des prairies désertiques, vaches prisonnières de cages dans le seul but de produire de l'engrais avec leur bouse...
Plus réjouissant, on longe la Snake river, qui passait déjà au Parc de Grand Téton. Tout est vert autour d'elle. On voit un pélican en plein vol passer au dessus de la voiture. Quel oiseau majestueux !
Parmi les paysages traversés, on repère une curiosité : quelques kilomètres de roches noires qui ressemblent fortement à de la roche volcanique.

Roland veut visiter un site unique en son genre : Bruneau Dunes State Park


Au milieu d'un paysage montagneux et sec se trouve une dune immense de 143 mètres oú s'est posé un lac. On prévoyait de faire une marche de 5 miles mais, arrivés à midi, en plein cagnard, on décide d'avancer en voiture et de faire "seulement" le tour du lac dans le sable. A peine sortis de la voiture, nous sommes assaillis par les moustiques. Les bords du lac constituent un véritable marécage.


D’énormes suceurs de sang enragés se jettent alors sur nous (même sur Roland qui ne se fait jamais piquer) comme la misère sur le monde ! Malgré l'anti-moustique, ils nous harcèlent de leur bourdonnements et se posent sur mon élégante voilette :


C'était l'Enfer (celui que je vous avais promis) ! Un film d'horreur personnalisé. Ces bêtes féroces sont jaunes et juteux à l'écrasage... Je souhaite faire demi-tour et m'enfuir mais Roland veut qu'on continue, pensant que la situation ne peut que s'améliorer. Avec la chaleur, les insectes et la fatigue musculaire des jours précédents, cette balade est l'équivalent d'une traversée du désert, au sens propre. Je crois qu'on n'en sortira jamais et qu'on s'est perdu car aucun signe n'indique le chemin sur cette dune mouvante.


Je ne vous cacherai pas qu'on s'est pris la tête avec Roland qui voulait poursuivre et moi qui voulais mourir sur place... Au milieu de cette galère, on voit un " White-tailed Jackrabbit " passer devant nous pour se réfugier dans les buissons. C'est un lapin adapté à son environnement. Avec ses oreilles immenses, la moindre brise le rafraichit. On voit aussi pas mal d'oiseaux (avec la quantité de moustiques, c'est festin tous les soirs !) mais ils sont très différents de ceux du Wyoming et ne se laissent pas prendre en photo.

Au bout de la dune, la voiture ?
Ouf, nous voilà dans la voiture, sain de corps mais pas d'esprit... Départ vers le Nevada. On traverse une réserve indienne. Là encore le paysage est désert et marécageux à la fois. Les aigrettes sont donc au rendez-vous. On voit aussi quelques habitations, la plupart ont une apparence délabrée. Il y a souvent au moins 4 voitures garées devant les maisons. Les Indiens vendent de l'artisanat mais sont aussi éleveurs de bétails et de chevaux.


Le paysage devient de plus en plus étrange avec des vallées très encaissées qui semblent s'arrêter en impasse à chaque virage. En fait, la route suit le cours d'un petit torrent.

Plus loin, à Elko, toujours au Nevada, nous retrouvons l'autoroute (aucune n'est payante dans cette partie du pays !) plus droite et sans surprises. Cependant nous en avons une quand on nous annonce qu'il n'y a plus de place dans aucun hôtel de Winnemucca (pourtant perdu au milieu de nul part). La raison semble sortie tout droit d'un western : les mines d'or de la région. La ruée vers l'or (1848) est toujours d'actualité dans le coin. Il faut pousser jusqu'à Fernley pour trouver un endroit oú dormir, en traversant le comté de Lyon ! On est au nord de Las Vegas, tout près de Reno.
Le lendemain, nous arrivons au nord de la Californie pour visiter notre prochain parc ;

Lassen Volcanic National Park : 

On arrive par le sud-ouest et des panneaux nous avertissent que la route qui le traverse est fermée à cause de la neige. Le parc sera entièrement accessible à partir du 15 juillet seulement ! On continue quand même pour demander des conseils aux rangers quant aux randonnées possibles malgré la neige. Puis, on voit un film sur l'histoire, la géologie et la faune. On visite la belle exposition et on finalise notre itinéraire au sein du parc.

Kohm Yah-mah-nee Visitor Center
On n'ira pas à Bumpass Hell pour voir les fumerolles et les geysers car on en sort juste avec Yellowstone. Notre première vraie étape sera donc Drakesbad Ranch (sud-est du parc) oú on prend une place au camping. Il n'y a pas foule mais on est accueilli par une biche et son faon nouveau-né (il tremble encore des jambes). On revoit les Steller's jay, magnifiques avec leurs plumes bleu roi et leurs crêtes punk. On dine au ranch pour profiter plus tard de leur piscine-source chaude naturelle (légèrement rafraichit par l'eau du torrent voisin).


La cuisine maison est un régal : lasagnes végétariennes, dinde farcie et tarte aux pommes. Le chef vient nous demander si on veut du rab. Comme ça ne se refuse pas, on a droit à une autre grosse part de lasagnes supplémentaire. Miamm ! On a fini farcis, comme la dinde ! Il ne nous reste plus qu'à profiter du bain bouillant à ciel ouvert...

La deuxième part de lasagnes
Première randonnée à Lassen Volcanic : " La Cuisine du Diable " (6.7 kms). En chemin nous rencontrons des biches à queue noire :

Je crois qu'elle se concentre pour faire caca !
Nous croisons des torrents, des prairies inondées par la fonte des neiges et une forêt habitée par des géants :


Nous sommes dans une des plus grandes zones de foret ancienne de Californie du nord.

A la fin du parcours, on voit des fumerolles et autres manifestations géothermiques identiques à celles de Yellowstone. C'est normal car c'est le même environnement volcanique (je rappelle que Yellowstone est situé sur un immense cratère). Sur le retour, on croise ce lézard :

Alligator Lizard

L'après-midi, nous décidons d'aller à Butte Lake. Le coin est un départ de randonnées, notamment pour monter au sommet d'un volcan éteint depuis 1600 : Cinder Cone (6.5 kms et 258 m de dénivelé). On a le choix entre un itinéraire direct mais épuisant et un chemin plus doux mais plus long. On se la joue à plouf plouf :


C'est donc parti pour le chemin plus long, qui nous fait passer par l'arrière du volcan.


Les coulées de lave, projections de roches et de cendres se lisent encore sur le paysage. On voit aussi ces magnifiques dunes peintes :


On voit la coulée de lave noire sur la droite de la photo.

Les dunes peintes et quelques plaques de neige
D'ici on voit Lassen Peak, le volcan qui s'est réveillé en 1914 et a bouleversé le paysage. Il est la raison pour laquelle le lieu est devenu un parc national. C'est un des plus grands dômes volcaniques avec ses 609 mètres.


Au ranch hier, une dame nous avait prévenus que pour gravir le Cinder cone, on fait 2 pas en avant et 3 pas en arrière. Sur le coup, je pensais que c’était une démarche due à son âge. Mais finalement elle avait 100% raison ! Le sol est couvert de cendres et le dénivelé est si important qu'on ne peut que glisser.


On arrive quand même au sommet.


Il a deux cratères et encore de la neige sur le versant nord. Sur la descente, on croise des messieurs en train de monter. Ils sont à bout de souffle et j'ai peur qu'ils n'arrivent pas au panorama.



Peu d'oiseaux dans ce paysage aride à part les mendiants Clarck's Nutcracker et Steller's Jays. Les récompenses pour cette journée : une douche chaude (1 dollars les 3 minutes au camping de Manzanita), une glace, un bon feu et un gros dodo.

Le lendemain, Roland fait une grasse matinée tandis que je me lève pour participer à l'observation des oiseaux avec un ranger. On fait 1/4 de tour de Manzanita lake (manzanita est le nom d'une plante qui donne des baies comestibles. Son bois est rose-violet et très résistant au feu).

photo prise à Mc Arthur Burney falls (cf. prochain article)



On a la vue sur Lassen Peak :


La liste des oiseaux :
- American Dipper et ses génuflexions
- Canada Goose. On les voit partout depuis Yellowstone


- Bufflehead (femelles uniquement)


-  Mountain Chickadee (pour les yeux excercés)


- Red-Winged blackbird
- Tree Swallow
- Yellow-Rumped Warbler
- Red-Breasted Sapsucker allant et venant pour nourrir le nouveau né, bien caché dans son trou d'arbre mort. C'est pour ça qu'il est interdit de tronçonner un arbre qui tient encore debout car il peut servir de nid à de nombreuses espèces.

On observe aussi un Steller's Jay qui a repéré le nid de petits oiseaux et essayent de manger les petits ! Le comble c'est que les corbeaux font de même avec les nids des Steller's ! Le monde des oiseaux n'est pas aussi chantant et charmant qu'il parait...

Certains savent bien se défendre cependant. Roland et moi faisons ensemble le tour complet du lac plus tard (2.5 kms) et on voit un Steller's se faire sévèrement rabrouer par un Red-Winged Blackbird. Cette deuxième balade m'a permis de voir 12 canetons bufflehead :


Un couple de Western Tanagers :

Magnifique n'est-ce pas ?
Voyiez-vous la libellule bleue sur cette fleur rouge ?


C'est ainsi qu'on quitte l'eau et l'air purs aux accents de pin et de résine de Lassen Volcanic. En effet, l'air du parc sert de standard qualité pour les autres parcs nationaux.

On termine pas cette rencontre étonnante, un pêcheur qui garde son casque de vélo au cas oú .... ?


On se retrouve bientôt pour explorer la côte Pacifique. La douce voix et l'odeur iodée des phoques nous y attendent !

samedi 8 octobre 2011

Grand Teton National Park : road trip de l'été 2011 dans le nord-ouest des U.S.A. (5)


Du 18 juin au 21 juin

Comme promis, on reprend cette semaine le récit des vacances estivales 2011.  C'est au tour du Parc National du Grand Téton, adjacent au Parc de Yellowstone. D'autres paysages et de nouveaux animaux nous attendent !

Parc National du Grand Teton :
Quand on arrive dans un Parc National, on commence toujours par aller au Visitor Center pour demander aux rangers le plan, le journal du parc et quelles randonnées on peut faire en fonction des conditions climatiques.
Ici encore, pas de randonnées possibles sur plusieurs jours avec notre équipement car la neige est tenace et le risque d'avalanche réel. Il ne va pas faire moins froid donc et on décide de prendre un logement original à Colter Bay village : une cabane-tente, sorte d'intermédiaire entre une "cabin", chère, et une tente, trop légère. Cette cabane en rondins de bois offre plus d'espace, un matelas par personne, un poêle (des touristes hollandais francophones nous aident à nous en servir), une caisse à ours perso. et l'abri au dessus de la table de pique-nique en cas de pluie.
On fait 4 randonnées :

1) Sud de Jenny Lake : 4.8 kms. Sur la route, on aperçoit des pélicans blancs. On commence par traverser le lac en bateau-navette.
L'eau est d'une limpidité irréelle
Puis on marche jusqu' à Hidden Falls sans pouvoir aller plus loin car les ponts sont cassés et la neige trop haute.


Pour rentrer, on décide de prendre le sentier qui va nous ramener de l'autre coté du lac et rejoindre notre point de départ. Les animaux vus en chemin : 3 marmottes

Remarquez sa queue et comme elle est noire.

Celle-ci s'est fait raccourcir la queue ! et est beaucoup plus claire.
On a aussi vu des écureuils à gogo se courant après et des oiseaux (Cassin's finch) faisant la cour en battant des ailes frénétiquement.
Avant de rentrer, nous écoutons une mini-conférence de ranger. Le sujet : les plantes et animaux des régions alpines : la petite souris pika, le méchant wolverine, le bighorn sheep, le golden eagle ou encore la fleur forget-me-not (ne m'oublie pas). Comme toujours très instructif mais sans la traduction en français pour le nom des animaux, désolée !

2) Après une bonne nuit de sommeil grâce au matelas et un bon feu (15 degrés au maximum, formidable !), on se lance pour une randonnée de 16 kms autour de Two Ocean Lake et Emma Matilda Lake. Il pleuviote mais on est équipé. On commence à Grand View Point, à 2212m. On voit des oiseaux (Juncos). A part eux, le calme est complet dans la forêt. Plus on s'y enfonce et plus l'atmosphère est sereine. En l'absence de vent, on dirait que le temps s'est arrêté. Un son nous interpelle : un pivert qui œuvre à extraire des insectes d'un tronc mort. Son nom : Hairy Wood-pecker (avec une tache jaune sur la tête)
On ne voit pas son bec et le haut de sa tête. Difficle de prendre en photo un oiseau qui bouge tout le temps !
On croise la route de toutes sortes d'écureuils, d'oiseaux communs comme l'American Robin ou le corbeau et nouveau comme le Nothern Flicker ou le canard Barrow's Goldeneye :


On entend un bruit répétitif dans toute la vallée. C'est comme un bruit de moteur de bateau qui n'arrive pas à démarrer. Impossible de l'identifier...

On arrive à surprendre quelques elks en troupeau ou solitaires mais ils sont très timides et partent en courant dès qu'ils nous sentent :



Le plus impressionnant à Grand Teton ce sont les montagnes qui s'élèvent d'un coup au milieu de la plaine. Leur masse blanche, accrochant les nuages, domine le paysage.






Avant de rentrer, on fait un crochet à Oxbow Bend Turnout oú on peut observer des Ospreys (sorte d'oiseau de proie), des oies du Canada - il y en a partout à Yellowstone aussi-, mais pas de loutres ni de castors. Sniff.

On rentre en passant devant la station essence. Là c'est la cohue. Tout le monde s'est arrêté pour voir une maman grizzli et son petit brouter de l'herbe. Quand je pense qu'on a fait 16 kms en pleine nature sans voir un ours et qu'il faut passer devant la station service pour voir un grizzli de près...


Au programme ce soir : douche chaude et lessive puis repas de viande et saumon au restaurant de Colter bay.

Le lendemain, on décide de lever le camp pour dormir plus au sud du parc. Sur le chemin, on croise un Sandhill crane. On en avait déjà vu un de très loin vers Fairy Falls, à Yellowstone. On dirait une autruche.



On choisit le camping de Jenny Lake, pour tentes uniquement. Nos voisins semblent se préparer pour l'ascension du Grand Teton. Le cadre est très joli, calme, au pied des montagnes et les oiseaux sont partout. Par contre il ne faut pas compter sur la douche ou le réseau téléphonique.

3) Une marche autour de Taggart lake. En allant un peu plus loin que prévu ça nous fait faire 11 kms ! Les muscles commencent à fatiguer et on a bien failli se perdre mais notre récompense reste de voir des animaux sauvages : un oiseau tout jaune (Yellow Warbler) qu'on verra plus tard en nuée; des Chipping Sparrow (sorte de moineaux), des écureuils et trois marmottes dont une qui se fait paresseusement chauffer au soleil, allongée sur le ventre sur un rocher. Impossible d'atteindre Amphitheater lake et Surprise lake à cause de la neige. Décidément, le printemps se fait désirer à 2300 mètres.

En face du parking de Taggart lake il y a un cours d'eau, des troncs et branchages dans tous les sens et ce qui ressemble à un logi pour castor. On y a vu notre premier élan tôt le matin :


Pas très loin de là on voit furtivement un mâle :


4) Phelps Lake - 11 kms : dernière marche dans ce parc. Allez-y tôt en saison touristique. Le lieu est superbe, ancien ranch des Rockefeller, qui ont fait fortune dans le pétrole. Ça ne les empêchait pas de jouir de la nature et de vouloir aider le gouvernement américain à acheter des terrains pour agrandir le parc. Ils ont même fini par laisser le ranch et Phelps lake pour que les visiteurs en profitent. Un centre d'interprétation remplace l'ancienne résidence secondaire. On ne trouve pas de poubelles car aucun déchet ne doit être laissé sur le site. On repart donc avec nos détritus dans la voiture. On trouve aussi des toilettes sèches et des batiments construits en bois et matériaux "verts". L'architecture et le style sont ainsi à la fois très modernes, chaleureux, confortables et écolos. Ça nous donne envie d'avoir une maison comme ça.
Le tour du lac nous fait passer devant de nombreux torrents :


On voit pas mal de papillons, des fleurs :













Et des oiseaux comme cette femelle Marganser (famille des canards) très mécontente d'être dérangée par les touristes. Sa houpette était redressée en signe de protestation et elle criait son indignation :


Fatiguée d'observer un pivert en haut d'un arbre, je pose les yeux au sol et, figée, se trouve une Ruffed Grouse :


Elle n'a pas bougé d'un pouce. Peut-être qu'elle couvait des oeufs... Au centre d'interprétation on apprend que le mâle, pour attirer la femelle, fait claquer son ventre dans un bruit de moteur qui démarre et qu'on entend dans toute la vallée. Voilà le son qu'on n'arrivait pas à identifier quand on marchait autour de Two Ocean lake !

On traverse la forêt. On voit les ravages de l'avalanche qui a frappé un peu plus tôt le nord du lac. Les arbres sont tombés, abattus par la force de la neige. On passe devant la vallée creusée par un glacier. Quand il a fondu il s'est transformé en lac d'altitude : Phelps lake.

Death Canyon
On s'étonne aussi de voir un véritable marécage au milieu de cette foret d'altitude. Les "chorus frog" s'en donnent à coeur joie mais on ne peut que les entendre...


Au final ce Parc National nous a offert des paysages magnifiques, des animaux rares (élans, Sandhill crane) et des eaux crystallines de lacs et torrents. Maintenant il va falloir passer la chaine de montagnes qui nous conduira dans l'Idaho sur des pentes à 10 % de dénivelé. Prochaine étape : l'Enfer sur terre !!! Ne manquez pas le prochain épisode...