mercredi 8 février 2012

Théodore Roosevelt, Badlands National Parks et Mont Rushmore : road trip de l'été 2011 dans le nord-ouest des U.S.A. (14)

Badlands, Dakota du sud.

Du 17 au 28 juillet.

Last but not least (dernier mais pas des moindres), voici l'ultime chapitre de nos découvertes estivales 2011. Au revoir les montagnes enneigées et bonjour les collines désertiques. 

Étape 1 : le Parc d’État de Makoshika
Sur la route du retour, notre première étape se trouve à la frontière Est du Montana. Traverser cet Etat, c'est un peu comme traverser un désert : pas de gens, plus de stations radios, des buissons à perte de vue de chaque côté d'une route éternellement droite et de grosses chaleurs. On y trouve aussi de grandes réserves indiennes.
Puis arrive Glendive, une ville où nous attendent des roches vieilles de 75 millions d'années ! Je pense qu'elles attendent encore ...


Paysage travaillé par l'érosion.
Makoshika signifie "terre bonne à rien" ou "mauvaise terre" pour les premiers habitants de cette région, les Lakotas (une des tribus du peuple Sioux). On apprend au musée que ce lieu était le terrain de jeu de dinosaures à l'époque où la végétation et le climat étaient subtropicaux. Ils vivaient dans ou sur les bords de l'océan peu profond formé à l'époque du Crétacé en lieu et place des grandes plaines d'aujourd'hui.

Carte du centre de visiteurs des Badlands (cf plus bas)
Puis, il y a 70 millions d'années, les Rocheuses se sont formées et l'océan s'est vidé pour laisser place à la forêt subtropicale puis à la savane et enfin au paysage de prairie.
On trouve ici des traces d'Hommes autour de -10 000 avant J.C. Ils se nourrissaient entre autres de carcasses de mammouths, utilisant de grosses pierres pour fendre les os et en retirer la moelle. Les bisons de cette époque avaient un crane encore plus impressionnant qu’aujourd’hui. Ils se sont affinés avec l'âge !
Malgré une chaleur écrasante (fini la neige !) de la fin d'après-midi, on emprunte deux sentiers : Diane Gabriel et Cap Rock. Le premier nous emmène sur un point de vue :
Roches sédimentaires.
Le deuxième nous offre des formations rocheuses sculptées par le vent.
Cerveau rocheux
Un pont naturel :

Pour ceux qui connaissent les "demoiselles coiffées" de Serre-Ponçon (Hautes Alpes) vous reconnaitrez les cheminées de fées. Ici on les appelle colonnes de pluies ou pommes de terre cuites (baked potatoes). Les pierres plates dures protègent l'argile tendre de l'érosion et forment des sortes de parapluies.


Pas question de s’asseoir sur un banc ici sinon c'est "open bar" pour les moustiques ! Même Roland se fait piquer, c'est dire s'ils sont affamés...

A notre grande surprise les motels étaient complets le soir. Beaucoup d'ouvriers construisent et rénovent les routes ou travaillent dans les puits de pétrole.

Etape 2 : le Parc National Théodore Roosevelt (côté sud).


Teddy Roosevelt s'est essayé au métier d'éleveur de bétail dans sa jeunesse sur ces terres. Il a lamentablement échoué mais, comme il le dit lui-même "sans cette expérience dans le Dakota du nord je ne serais jamais devenu Président". Il pensait que son amour de la chasse, de la nature et d'une vie simple lui suffiraient. Et manque de chance pour ce chasseur invétéré, les derniers bisons avaient quitté ces terres. En fait, ils avaient été décimés par les chasseurs de peaux blancs et les maladies. Ainsi sensibilisé à la protection des espèces et de la nature, il a ensuite participé en tant que Président des Etats-Unis à la création de 18 monuments nationaux, 51 refuges naturels et 5 parcs nationaux.

On décide de visiter à l'américaine, c'est à dire qu'on va rester dans la voiture et prendre la route touristique qui mène aux principaux point de vue. La chaleur est accablante mais l'herbe encore bien verte.

On découvre une nouvelle espèce : Prairie dog ou chien de prairie.
Black-tailed prairie dog.
Cet animal vit en communauté dans des villes-terriers. Ils sont très mignons, sifflant pour prévenir d'un danger, se mettant sur leurs pattes arrière pour scruter l'horizon... On peut s'amuser à les observer pendant des heures tellement leur vie semble palpitante.


Le paysage est fait de collines verdoyantes d'un côté et de collines sèches et rocheuses de l'autre. Les roches ont des lignes de couleurs : noire (charbon), rouge (scoria), grise, etc



Traces rouge appelées scoria.
Entre Buck Hill et Boicourt overlook, on voit des mustangs et des bisons :

Impressionnant mâle bison. Les bisons ont été réintroduits en 1956 dans le parc.

L'étalon dominant son harem.
On surprend cet étalon blanc surplombant la colline et d'autres chevaux en contrebas. Ils étaient trop loin pour qu'une photo donne l'image fidèle de ce véritable tableau. Ces chevaux retournés à l'état sauvage, après s'être échappés d'un quelconque ranch, ont été originellement importés il y a 500 ans par les Européens. En effet, il existait un type de cheval nord américain jusqu'à il y a 10 000 ans. Mais il a disparu en même temps que les gros mammifères tels que les mammouths.


Les fleurs sont aussi au rendez-vous.



Étape 3 :  Pollock, Dakota du sud.


Après 13 ans d'éloignement (plus ou moins volontaire) je retrouve Pollock, village de 300 âmes. Le paysage et les habitants n'ont pas beaucoup changé. On fait un peu de cuisine française pour exciter les palais des parents américains : des crêpes, quiches, cakes salés (ici c'est un nouveau concept), mousse au chocolat, ratatouille, fois gras, tarte à la tomate. Ils ont beaucoup aimé le Nutella, pas très répandu sur les étagères américaines.

On assiste à un défilé de pionniers :

La roulotte, comme dans "la Petite maison dans la prairie", ma série fétiche !

On fait un tour en décapotable des années 60 dans la campagne environnante :


Roland au volant d'une américaine !


C'est bientôt la saison des récoltes. Les silos doivent être vidés pour faire de la place aux nouvelles graines. C'est un État de fermiers.


On fait aussi des activités séparément. Pendant que je bois du thé avec les femmes du coin pour un "baby shower" (réception organisée pour que les femmes de la communauté fasse un cadeau et voit un nouveau-né), Roland aide à refaire un toit.

Roland dans un élément masculin à casquettes (les bières arrivent plus tard).
On apprend qu'il y a dans le Dakota des églises où on peut assister à la messe dans sa voiture, comme au cinéma en plein air, l'été. Vous avez déjà vu des films américain ancien où des amoureux vont se faire une toile et branchent leur radio de voiture pour écouter le film ? Imaginez ça version église et voilà ! On peut même acheter et manger des pop-corns ou boire une boisson tout en écoutant tranquillement le sermon... ! C'est beau la modernité.

Et pour conclure notre arrêt, une citation de Franck, mon papa de Pollock : "it's a free country as long as you can pay" C'est un pays libre tant que tu peux payer ! Bon résumé des U.S.A !

On finit par reprendre la route, la jolie 1804, qui longe le fleuve Missouri :


Étape 4 : le parc national des Badlands.

Mix de prairies et de roches sédimentaires érodées.


On change d'échelle par rapport à Makoshika et T.Roosevelt N.P.. Ici le paysage est encore plus étendu. L'érosion du vent et de l'eau met à nu des roches datant aussi de 75 millions d'années. Les pics représentent les roches les plus jeunes ; elles ont entre 28 et 30 millions d'années. Ces roches ont commencé à subir l'érosion il y a 500 000 ans. Il ne devrait plus rien rester dans 500 000 autres années, à raison de 2,5 cm de roches en moins par an. Quand les sédiments érodés prennent le chemin d'une rivière, ils finissent dans le Missouri puis le Mississippi et enfin le Golfe du Mexique (en Louisiane donc !)

Le centre Ben Reitel présente un film et des expositions très intéressantes, notamment sur l'histoire des indiens Lakota et des premiers colons. Les trappeurs français ont été suivi par les mineurs, éleveurs de bétail et fermiers blancs "homesteaders" (loi votée par Lincoln en 1862 qui permet à chaque famille pouvant justifier qu'elle occupe un terrain depuis 5 ans d'en revendiquer la propriété privée et ce dans la limite de 65 hectares). Le bétail remplace alors les bisons et les champs cultivés remplacent la prairie. Les indiens se retrouvent en minorité et combattent pour garder leurs terres. Big Foot était le chef des Lakotas jusqu'au massacre perpétré pendant la bataille de Wounded Knee (genou blessé) en 1890. Suite à cet événement, il ont été parqués dans des réserves et encouragés à devenir fermiers ou éleveurs de bétail. Mais ils ont dû abandonner leur mode de vie traditionnel (nomades chassant le bison).


Traduction du panneau : "les garçons Lakota portaient des vêtements traditionnels quand ils sont arrivés à l'école industrielle pour indiens de Carlisle, en Pennsylvanie. On leur coupait tout de suite les cheveux et on leur faisait porter un uniforme. "Je suis persuadé que pour beaucoup d'entre nous seul les corps ont survécu" dit un des élèves de Carlisle. "Beaucoup ont perdu leur esprit dans ce dur environnement des internats". Photo prise vers 1888.
Au final, les homesteaders des Badlands en ont tellement bavé pour mettre cette terre en valeur, à cause du froid hivernal et du vent, qu'ils ont fini par partir !

On vous conseille d'aller jusqu'à White River, terre sacrée indienne, si vous avez du temps et que le sujet vous intéresse.

La prairie renferme une diversité impressionnante d'herbes (60 environ) et de fleurs sauvages.

Les arbres ne poussent pas ici et pourtant il fait assez humide pour éviter au paysage de devenir désertique. Les plantes sont adaptées aux vents forts, feux fréquents et longues sécheresses. Les grizzlis et les loups ont disparu de ces terres par manque de territoire. Les bisons et furets ont bien failli subir le même sort.

Soudain le ciel se couvre et on reprend la route sous la pluie. Difficile dans ces conditions d'apprécier les couleurs jaune et orange des roches.
Les nuages assombrissent le ciel.
Yellow Mounds, Pinnacles et Big Badlands overlook sont les points de vue les plus impressionnants.
Avec les Badlands on se rend compte à quel point la région est touristique. Les attractions familiales ne manquent pas jusqu'aux Black Hills. Il y a même des reliquats de la Guerre Froide avec un ancien site de lancement de la bombe nucléaire (Minuteman Missile National Historic Site).

Étape 5 : Le Mont Rushmore

J'avais déjà visité ce monument en 1997 puis en 1999. Le paysage a beaucoup changé autour des têtes des Présidents américains emblématiques. 2 parkings en béton ont été construits ainsi que des restaurants, un musée, un immense auditorium, etc. En contrepartie du bétonnage du site, les 3 millions de visiteurs annuels ressortent bien informés. La vie du sculpteur (Gutzon Borglum, essayez de le dire à voix haute !), le travail à la dynamite des 400 ouvriers, le coût de l'opération (989 992,32 $) et le parcours des quatre anciens chefs d'état n'ont plus de secrets pour nous.

Allez on va faire un quizz. Serez-vous capable de nommer les Présidents sans regarder la légende de cette photo ?
De gauche à droite : Washington (le 1er) , Jefferson (achat de la Louisiane), Roosevelt et Lincoln (unificateur des USA).
On se dégourdit les jambes sur le chemin qui mène au plus près des têtes (Presidential trail, 0,8 km) et on admire la barbe de Lincoln, sculptée il y a pile 70 ans :

Il ne nous reste plus qu'à reprendre la route en direction de la Louisiane. Sur la route nous avons quelques surprises :


Le Missouri déborde
Des sacs de sable ont été installés de chaque côté de la route pour éviter l'inondation.
 Du coup un dino. tente une échappée :

Roland préfère s'équiper en cas de montée des eaux à l’hôtel !


Il a beau faire chaud le fromage ne fond pas sur l'avant de la voiture ! Pas de fondue ....
On n'est pas à l'abri d'une panne. Il est temps de rentrer !

Bilan de notre expédition :
- 7000 miles en voiture, soit 11 265 km.
- au moins 171 kms de randonnées.
- une panne au début et une vers la fin.
- 7 136.07 $ dépensés. On est aussi précis que le coût de Mont Rushmore !

Sniff, notre voyage est terminé ....
Mais à bientôt pour des excursions en milieu tropicale humide. La Louisiane, quoi !

1 commentaire:

  1. Merci Karine pour le récit très intéressant de votre périple estival. Grâce à toi, j'ai l'impression d'avoir un peu voyagé à travers les États-Unis, d'autant plus que ton compte-rendu s'est étalé sur plusieurs semaines... C'était comme un long voyage. Vivement la suite et les nouvelles de la Louisiane. Bises. Béa W.

    RépondreSupprimer